« Les chiens ont-ils la notion du temps ? » est une question qui revient bien souvent. Les propriétaires soucieux du bien-être de leur compagnon s’interrogent lorsqu’ils laissent leur chien seul à la maison. De nombreuses études ont été poursuivies pour comprendre la perception du temps par le chien. Elles permettent de mieux le comprendre, même si nous ne pouvons bien sûr pas nous imaginer dans sa peau. Il importe dans tous les cas de se garder de tout réflexe anthropomorphique, car la perception du temps par le chien s’avère très différente de la nôtre.
Passé, présent, futur, comme le chien se repère-t-il dans le temps ?
Le chien vit au présent et ne se situe pas sur l’échelle du temps. C’est l’une des raisons pour lesquelles il nous est si difficile de le comprendre. Les pensées des humains ne cessent de voyager dans le temps : nous pensons à la bonne soirée d’hier ou à la mauvaise expérience que nous avons endurée des années plus tôt ; nous nous projetons dans l’avenir en nous angoissant pour une épreuve future ou en nous réjouissant d’un événement festif que nous attendons avec impatience.
Le chien ne se projette ni dans le futur ni dans le passé. Cela ne signifie en aucun cas qu’il n’en a pas la mémoire, mais ses souvenirs sont traités différemment. Le chien bénéficie d’une excellente mémoire. Il possède un espace de stockage qui engrange les informations positives comme négatives : peurs, joies, récompenses, punitions, félicitations, etc. Lorsqu’il se trouve confronté à certains stimuli, sa mémoire lui intime certains comportements qui lui semblent logiques.
Si vous recevez par exemple un ami que votre chien affectionne, quelle qu’en soit la raison : c’est un ami avec qui vous allez vous promener souvent ou faire un jogging, ce qui donne l’occasion au chien de sortir, votre ami adore jouer avec votre chien, etc. Lorsque cette personne entre dans la maison ou même lorsqu’elle arrive avec sa voiture, votre chien reconnaît le bruit du moteur, l’odeur de cet ami ou sa voix. Sa mémoire l’associant à des événements positifs, votre chien viendra lui faire la fête.
Pour autant, il ne semble pas probable que votre chien pense à lui lorsqu’il n’est pas là en se projetant dans le passé pour penser aux bons moments ou dans le futur en espérant le voir arriver.
Le cycle circadien du chien
Le cycle circadien est le rythme défini par l’alternance entre la veille, c’est-à-dire la période de la journée pendant laquelle on est éveillé et le sommeil, c’est-à-dire celle pendant laquelle on dort. L’être humain fonctionne sur un cycle circadien de 24 heures comme de nombreux animaux. Nous avons défini un étalon du temps qui se base sur un cycle lié aux rotations de la Terre et qui englobe le jour et la nuit. Le chien s’adapte à ce même tempo.
Durant la partie éveillée du cycle circadien du chien, son activité connaît des pics et des creux. Il règle son horloge interne en fonction de ses besoins instinctifs et biologiques :
- la faim déclenchée entre autres par son niveau de cortisol ;
- le besoin de dormir ;
- l’envie de faire ses besoins ;
- sa température corporelle ;
- la production d’hormones ;
- sa circulation sanguine ;
- les variations de sa vigilance et de sa somnolence, etc.
Le corps du chien manifeste naturellement ces différents besoins, ce qui lui donne envie de dormir, jouer, manger, boire, etc. Ils sont pour lui une indication des différentes parties de la journée.
Le cycle de son maître
Le chien se cale naturellement sur le cycle de son maître, même s’il est parfois contradictoire avec le sien. Il détermine ainsi l’emploi du temps de la journée.
Si vous ouvrez la porte du jardin dès que vous vous levez, il associe la sonnerie du réveil à la sortie. Lorsque vous prenez votre clef et votre sac, il juge vite si vous avez l’habillement et l’attitude qui indiquent qu’il va sortir avec vous ou qu’il devra vous attendre.
La grande majorité d’entre nous suit une routine quotidienne plutôt stable. La semaine se termine par le week-end durant lequel il peut s’instaurer une autre routine ou un emploi du temps beaucoup plus aléatoire.
Votre chien se situe dans le temps en tenant compte de votre routine. Vivant toujours dans le présent, il ne se projette probablement pas, mais estime le moment précis d’une journée en fonction des événements qui y sont associés.
Les phéromones qui nous trahissent
Le chien est capable de ressentir notre état émotionnel, sans que nous en montrions des signes extérieurs. Imaginez que vous partez pour un voyage de plusieurs heures en voiture, en direction d’un lieu où votre chien n’est jamais allé. Vous allez vous réjouir intérieurement lorsque vous en approchez et, sans que vous en soyez conscient, vous allez dégager des phéromones qui vont mettre la puce à l’oreille du chien.
Il ne sait pas vraiment ce qui se passe, d’autant qu’il ne peut pas reconnaître le paysage (qu’il n’a jamais vu auparavant), mais il sent concrètement votre excitation, ce qui l’incite à commencer à s’agiter, alors qu’il dormait jusque-là profondément.
Il en va de même lorsque vous le laissez seul à la maison. Si vous êtes nerveux et déprimé de ne pas l’emmener avec vous, le chien le comprend, mais ce ressenti n’a rien à voir avec la perspective du temps pendant lequel il va rester seul.
La gestion du temps pendant vos absences
La plus grande angoisse des propriétaires soucieux du bien-être de leur chien est l’ennui généré par leurs absences. De nombreux tests ont été réalisés afin d’évaluer le comportement du chien.
Mettons d’emblée de côté les chiens souffrant d’anxiété de séparation. Il s’agit d’animaux ayant vécu des traumatismes, en tête desquels l’abandon. Ils peuvent aussi être angoissés par nature, car chaque animal possède son caractère propre. Dans tous les cas, ces chiens doivent bénéficier d’un traitement à part pour les guérir de leurs angoisses.
Les chiens ne présentant pas ce genre de troubles ont tendance à réduire leur activité lorsqu’ils sont laissés seuls. Ils passent une bonne partie du temps à dormir. Les chiens qui font des bêtises en l’absence de leur maître sont ceux qui n’ont pas été correctement habitués à rester seuls ou ceux qui sont délaissés pendant de trop nombreuses heures. Il n’est pas normal qu’un chien reste seul toute la journée, car s’il vit dans le présent, il garde cependant une notion du temps.
En effet, les études menées ont montré qu’un chien laissé seul plus longtemps montrait des signes d’excitation plus prononcés que celui qui était resté seul pendant un laps de temps plus court. S’il ne se projette pas dans le temps, les scientifiques pensent qu’il ressent les effets de son cycle circadien. Les heures passées stimulent son envie de bouger, jouer et avoir des relations sociales.
On considère ainsi que le chien a bien une notion du temps, mais qu’elle est différente de la nôtre, ce qui nous la rend si difficile à appréhender. Il gère sans problème une absence de quelques heures, qu’il passe le plus souvent à dormir, mais ce temps doit être limité, sinon il souffre de la solitude.
L’attente derrière la porte
Le chien n’a pas la prescience de notre retour et pourtant, vous le trouvez souvent derrière la porte lorsque vous rentrez. Si vous produisez un bruit caractéristique, il vous aura naturellement entendu venir de loin : moteur de voiture, ouverture du portail, pas dans l’allée, etc. Mais vous pouvez aussi le trouver derrière la porte alors que vous êtes arrivé sur la pointe des pieds !
Il apparaît dans les tests que le chien s’appuie sur notre routine et notre ponctualité, ce qui constitue une autre preuve qu’il a la notion du temps. Si vous rentrez tous les jours à la même heure, il y a de grandes chances que vous le trouviez derrière la porte, parce qu’il « est l’heure » !
Si le chien trouve des repères de temps au quotidien, les scientifiques pensent qu’il n’a pas la notion du temps à l’échelle de la vie, mais cela reste à prouver !