Les soins coopératifs

soins coopératifs
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Les soins coopératifs – que les Anglo-saxons nomment cooperative husbandry training – consistent à établir une relation apaisée avec votre chien, afin de faciliter ses traitements médicaux ou hygiéniques. Cette méthode permet d’obtenir le consentement du chien, avant de procéder à une intervention. Ainsi rassuré, il vous fait confiance et se tient tranquille.

Quels sont les soins concernés par les soins coopératifs ?

Les soins coopératifs concernent les interventions médicales, ainsi que les gestes nécessaires pour l’hygiène de votre chien. Ils facilitent la manipulation de votre compagnon à la maison, mais aussi chez le vétérinaire. Grâce aux soins coopératifs, le chien vous accorde plus volontiers sa confiance et se montre moins stressé pendant et après la séance.

Les soins coopératifs concernent des interventions aussi nombreuses que variées. Certaines peuvent paraître très basiques, mais un chien sensible peut stresser pour une opération aussi simple que son brossage. Voici quelques exemples pour lesquels les soins coopératifs vous faciliteront la tâche :

  • brossage ;
  • ingestion de vermifuge ou de cachets ;
  • dépose du produit antipuces et anti-tiques par pipette ;
  • nettoyage des yeux et des oreilles ;
  • vérification des dents ;
  • pose d’une collerette pour empêcher le chien de se lécher après une opération ;
  • prise de température ;
  • piqûre (dans le cas d’un chien diabétique par exemple, vous devez le piquer quotidiennement, souvent deux fois par jour) ;
  • douche ou bain ;
  • soins médicaux chez le vétérinaire : prise de sang, radio, inspection des dents, manipulations diverses, etc.

Les soins coopératifs pour tous les chiens

Les soins coopératifs s’adressent à tous les chiens, sans distinction d’âge, de gabarit et de race. Il est naturellement plus facile de les habituer depuis leur plus jeune âge, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Chaque chien possède sa propre personnalité. Vous devez aussi tenir compte de son passé et de sa petite enfance qui a pu être traumatisante ou pendant laquelle il n’a jamais été soumis à des soins. Certains animaux se montrent d’emblée dociles et confiants, tandis que d’autres sont en émoi à la seule vue d’un flacon ou lorsqu’ils reconnaissent la route qui les conduit chez le vétérinaire. Le nombre de séances pour arriver à un niveau de sérénité satisfaisant dépendra de la nature de votre chien.

Les soins du point de vue du chien !

Pour comprendre l’importance des soins coopératifs, glissez-vous un instant dans la peau de votre chien. Il ne comprend pas ce qui se passe et ignore ce que vous allez lui faire, il redoute la douleur et ne sait pas que c’est pour son bien.

D’instinct, le chien stresse, se crispe et cherche à fuir. Le stress constitue en effet un réflexe normal dans la nature, car il stimule l’animal pour échapper au danger. Dans la vie quotidienne d’un chien de compagnie, ce conditionnement n’a plus lieu d’être, car les soins que vous lui apportez participent à son bien-être, mais il n’en est pas conscient.

 

Les soins coopératifs - chien piqure

 

Si vous ne recourez pas aux soins coopératifs, votre chien risque de bouger et de se débattre. Dans le pire des cas, il peut vous mordre, car s’il est terrorisé, il réagit par réflexe. Chez le vétérinaire, cela oblige à le maintenir de force et à lui donner un sédatif. Soigner un chien agité, c’est aussi risquer de lui faire mal sans le faire exprès. Tout rapport de force met en jeu la sécurité et le confort du chien, tout comme ceux de son maître et du vétérinaire.

Le stress engendré par cette séance se maintient à un haut niveau pendant les heures qui suivent les soins. D’autre part, chaque épisode de soins altère la confiance instaurée en vous et votre chien. Vous pouvez remédier à cela grâce aux soins coopératifs.

L’apprentissage du chien aux soins coopératifs

L’objectif des soins coopératifs est d’obtenir le consentement de l’animal au moment des soins. Il doit pour cela établir une communication spécifique qui vous donne le feu vert pour commencer la séance (start button behavior en anglais). Il vous délivre également un message pour interrompre la procédure si le stress devient trop oppressant ou s’il ressent de la douleur. Cela permet alors de faire une pause dans les soins. Si le chien conserve le contrôle de l’intervention, il l’appréhende sereinement et ne la redoute plus.

Pour atteindre ce degré de confiance, vous devez en passer par des séances d’entraînement (medical training), car ce n’est pas devant le fait accompli ni dans l’urgence que vous pouvez obtenir une relation apaisée. Vous allez travailler sur le langage corporel et établir une grammaire qui permet de fonder une conversation avec votre chien.

Vous devez procéder par étapes pour progresser et ne passer à l’échelon suivant que lorsque le dialogue est clair.

Commencez par habituer le chien progressivement

Votre but est de prodiguer des soins, sans jamais arriver jusqu’à une situation d’inconfort pour le chien. Cela peut prendre du temps, mais vous récolterez les fruits de cette patience plus tard. Les séances doivent être courtes et répétitives.

Prenons l’exemple d’un chien dont le poil est long et a tendance à s’emmêler. Il doit être brossé régulièrement pour éviter des nœuds qui deviennent ensuite délicats à dénouer. Effectuez des séances rapprochées, mais très brèves, afin qu’elles ne lassent pas le chien ou qu’elles ne deviennent désagréables, car vous tirez sa peau pour défaire les nœuds.

 

Les soins coopératifs - chien brosse

 

Instaurez un conditionnement

Le conditionnement consiste à associer votre séance de soin à quelque chose d’agréable pendant ou après. Pendant la séance par exemple, vous pouvez préparer de petites friandises. Une fois les soins terminés, vous pouvez jouer avec votre chien, lui faire un gros câlin, aller vous promener avec lui, ou les trois à la fois ! Choisissez une activité qu’il apprécie plus que tout pour le récompenser de son bon comportement.

La routine des soins coopératifs

Il est temps maintenant d’établir une communication par laquelle votre chien vous signifie qu’il est prêt à recevoir les soins ou qu’il souhaite effectuer une pause. La position couchée sur le flanc par exemple fait partie des comportements les plus lisibles et les plus simples à apprendre. Vous placez votre chien sur le flanc, avec la tête posée sur le sol dans le prolongement de son corps.

Vous manipulez alors votre chien, toujours en douceur, tant qu’il conserve cette position. Lever la tête représentera un signe d’inconfort qui vous indiquera de stopper la séance. Caressez le chien et apaisez-le jusqu’à ce qu’il repose sa tête au sol pour vous autoriser à reprendre la séance.

Pour les soins des yeux et des oreilles, demandez à votre chien de se coucher sur le flanc. Vous-même devez vous asseoir sur le sol, de façon qu’il puisse poser sa tête sur votre cuisse. S’il la relève durant les soins, c’est qu’il demande une pause.

Votre chien peut être soigné debout si vous voulez :

  • le brosser ;
  • couper certains poils ;
  • le palper pour vérifier s’il a des blessures, des douleurs articulaires ou des parasites comme les tiques, etc.

Vous pouvez alors lui demander de poser sa tête sur un support adapté à sa taille (chaise, tabouret, etc.). Dès qu’il lève la tête du coussin, il vous signifie qu’il réclame une pause.

Anticipez les interventions sérieuses

S’il est prévu que votre chien se fasse hospitaliser pour une opération qui nécessite de rester en observation chez le vétérinaire, vous devez l’habituer à passer un peu de temps dans une cage. Il est important de l’y habituer et de lui faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’une punition.

Vous pouvez le préparer à la maison en le faisant dormir dans une cage (ou un dispositif qui y ressemble si vous n’en possédez pas). Installez sa couverture et son coussin préféré, ainsi que ses gamelles, afin qu’il y trouve ses marques. Ainsi, lorsqu’il sera chez le vétérinaire, il appréhendera moins l’enfermement la veille de son opération, ainsi qu’au réveil.

Dès que vous adoptez votre chien, qu’il soit chiot ou adulte, entraînez-le aux soins coopératifs. Cela accélère la fondation de la relation qui vous lie à jamais et vous facilite la tâche pour l’ensemble des soins que vous allez lui prodiguer tout au long de sa vie.